Meurthe-et-moselle

Chasseurs et saboteur

C’est au milieu du mois d’avril dernier, en plein confinement lié à l’épidémie de coronavirus que les actes de vandalisme ont commencé sur ce territoire situé entre Nancy et Pont-à-Mousson… un mirador de battue avait bien été retrouvé couché mais c’était certainement le vent, une branche ou un chenapan qui en était responsable… du moins le croyait-on…

Et puis très rapidement, un mirador d’affût a été basculé puis cassé, puis un troisième, un quatrième, un cinquième… la responsabilité d’un sale gosse, celle du vent et des branches ont été écartés…

Apparemment les méfaits avaient toujours lieu tôt le matin car les chasseurs les découvraient en milieu de matinée…

Malgré le confinement, un habitant de la commune, passionné de photographie et en très bons termes avec les chasseurs continuait à fréquenter les bois au petit jour en quête d’un cliché intéressant… il savait bien qu’un vandale rôdait mais ce n’était pas l’espèce qu’il recherchait…

Toutefois, sans le chercher, un matin, à défaut de goupil regagnant son terrier, il mit dans sa boîte à images un quinquagénaire qui, équipé d’une caisse à outils, sabotait méticuleusement un mirador. Dévissant une vis par ici, desserrant un écrou par là dans le sombre objectif qu’un « gros con » de chasseur se brise le cou en y grimpant.

Le naturaliste, ami des chasseurs leur apporta ses photographies…

L’enquête commença ou plutôt piétina… car aucun Nemrod ne reconnaissait ce triste sire sur les photos… venait-il de loin ? Était-il du village ?

Le hasard mis fin au suspense quand un chasseur arrêté à un feu tricolore au volant de son véhicule, au milieu de ce village, croisa le regard de celui qui très rapidement s’avéra être le saboteur… c’était bien un habitant du village…

Deux chasseurs diplomates se rendirent au domicile de l’intéressé. Malgré leur courtoise insistance, cet honnête père de famille d’une cinquantaine d’années nia toute implication dans ces méfaits… À la vue des photos… de lui… il changea d’attitude…

Reconnaissant les faits, il expliqua qu’il était « anti-chasseurs ». Nos deux adhérents décidément bien pédagogues lui expliquèrent au combien ce sabotage d’un mirador était dangereux, pour eux-mêmes mais également pour le gamin qui pourrait y monter. Ils tentèrent de lui expliquer la finalité et l’utilité de notre passion… sans grand succès sans doute…

Compréhensifs jusqu’au bout du fusil, les chasseurs de cette ACCA décidèrent d’en rester là à condition d’obtenir réparation financière du préjudice subi, c’est-à-dire le remboursement des miradors fracassés fournis par la Fédération…

Cette histoire qui aurait pu mal finir peut nous inspirer au moins trois sentiments : la fierté, la méfiance et la déception.

La fierté tout d’abord, fierté que nos chasseurs locaux se soient montrés aussi cléments que mesurés. Leur attitude nous honore.

La méfiance ensuite… car à l’aube de la saison d’affût… prenez bien soin de vérifier l’état de vos miradors et autres chaises hautes car ces actes de malveillance ne sont pas si isolés.

C’est enfin l’incompréhension qui prévaut car comment un père de famille peut s’abandonner à des gestes aussi stupides ? Au nom de quoi ce sabotage peut-il se justifier ? Connaît-il seulement la chasse ? Ses règles, ses enjeux ?

Tout cela reste à éclaircir…

Reste que les chasseurs n’ont pas souhaité porter l’affaire en justice. Nous respectons leur choix et leur anonymat.

Toutefois, rappelons que le délit de sabotage ou d’entrave à la chasse est puni sévèrement et que votre Fédération se portera, par le biais de son avocat, systématiquement partie civile à vos côtés dans ce genre d’affaire. N’hésitez pas à nous les communiquer. Belle ouverture à toutes et tous et bien sûr, prenez soin de vous.

Roméo Rieder

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