Chiens

Le Labrador retriever

Nous avons publié dans le magazine Chasseurs de l’Est n°163, dans la rubrique Chiens, certains extraits de l’article de Jean-Louis Martin. Nous vous livrons ici l’intégralité de son article. Nous tenons à le remercier chaleureusement de nous autoriser à le publier.

Les territoires de chasse ont une superficie de plus de 2 000 ha traversés par une rivière sur 6 km, 3 étangs, roselières, broussailles, différents couverts et jachères.

Un springer anglais et un épagneul de Pont-Audemer chassent souvent devant mes 2 labradors qui ne sont pratiquement utilisés que pour rapporter. Depuis plus de 25 ans, je chasse avec des retrievers. J’ai chassé avec 5 des différentes races de retriever sur les 6 races que compte cette famille. Seul le Nova Scotia n’a encore jamais fait partie de mes auxiliaires.

Nous avons souvent participé à des journées de picking-up dans des chasses en Sologne ou dans la Marne. Chaque race ayant bien sûr ses particularités, je ne voudrais pas faire de généralités sur chaque, car je n’ai possédé que peu de sujets de chacune d’elles. Mais depuis plusieurs années je chasse avec 2 Labradors.

Pourquoi utiliser un retriever a la chasse du petit gibier ?

Nous constatons que tous les chiens, quelles que soient les races, et par leur instinct de prédation, sont capables de prendre en gueule un gibier qu’ils ont vu tomber.

Mais le rapporter jusqu’au conducteur devient quelquefois beaucoup plus difficile pour certaines catégories, surtout s’il y a quelques obstacles et rivière à traverser.

De plus, le gibier même blessé devra être rapporté sans être endommagé, le plus rapidement possible et sans détours inutiles.

Comment éduquer vos chiens ?

Pour se faciliter la vie, il est important de bien choisir son chiot et c’est valable pour toutes les races. La propreté, la sagesse et le calme peuvent être enseignés au chiot en le mettant au repos en caisse de transport durant le laps de temps pendant lequel nous ne pouvons pas lui porter notre attention.

D’une part, cela évite tous risques de destruction et d’accidents de propreté ou d’accidents tout court (ingestion d’objets divers et variés aussi bien les Lego du petit dernier, rognures de fil électriques, ou transformations des modèles de vos chaussures…), et d’autre part, cela lui permet de connaître sa place si besoin.

Et comme pour n’importe quelle race, l’éducation de base et l’obéissance seront inculquées dès son arrivée dans la maison, sans attendre parce qu’il est trop petit ou trop jeune et que donc il ne comprend pas. Grosse erreur de pensée !

Le chiot a compris en quelques heures après son arrivée, auprès de quel membre de la famille il pourra obtenir ce qui lui a été refusé par un autre.

Cette obéissance sera la résultante du cadre éducatif que vous aurez appliqué, avec la stabilité de vos exigences et en commun accord avec tous : « oui » un jour, c’est « oui » toujours, « non » le matin c’est aussi « non » l’après-midi aussi.

Il apprendra alors ce qui lui est interdit de faire ou de toucher, comme il apprendra ce qu’il aura le droit de faire ou de toucher, à la seule condition que vos exigences soient dans une continuité logique et une régularité permanente.

En misant sur une éducation basée sur le renforcement positif, cela lui conviendra parfaitement.

Très tôt le chiot retriever apprend le rapport de divers objets de différentes formes et tailles (briquet, petite bouteille d’eau, cordelette, pet de boisson, balle de tennis, etc.).

Déjà chez l’éleveur, alors qu’ils n’ont que quelques semaines de vie, leur mère va leur transmettre des comportements par ses propres attitudes. Elle invite ses chiots au jeu car c’est par le jeu que passe l’éducation au rapport.

Dès sa naissance et jusqu’à dix mois il faut surtout s’attacher à lui faire découvrir le maximum de diversités de son environnement.

Bien que je les considère avec respect comme mes auxiliaires, tous mes chiens vivent avec moi à la maison (ce n’est pas moi qui vis avec eux !). Ils respectent les interdits que je leur ai enseignés, chiot dès 8 semaines.

De ce fait, CE QUE JE N’ACCEPTERAIS PAS CHEZ UN LABRADOR serait son manque d’écoute et de sagesse à la maison ou à la chasse.

Si tel était le cas, la faute m’en reviendrait, car c’est moi qui l’ai éduqué. Mais je pense par-dessus tout à un manque de placidité envers ses congénères, car dans ce cas ce ne serait plus un Labrador comme on les aime et ce que l’on attend d’eux.

Pour ensuite être donné en mains proprement, dans le respect du gibier et l’éthique de la chasse.

En plus d’un gibier qu’il n’a pas vu tomber ou avoir été tiré (dans le cas d’un lapin ou d’un lièvre par exemple) le retriever devra donc être capable d’être conduit à l’aveugle, en partant à l’ordre de son conducteur ou de celui d’un partenaire et surtout dans la direction qui lui est donnée.

La conduite doit être la plus discrète possible afin d’éviter de faire fuir le gibier. C’est pourquoi les ordres sont appris avec la gestuelle et le sifflet.

Le Labrador devra donc être issu d’une lignée ayant de bonnes qualités pour être un bon auxiliaire à la chasse. Si des qualités sont innées comme l’envie d’aller chercher, des qualités de nez, l’instinct de la charge en gueule et l’initiative, il devra toutefois apprendre à être calme au poste, à avoir un excellent marking (c’est-à-dire l’identification de façon précise des points de chute), à mémoriser ces points de chute quels que soient la distance et le biotope, et être à l’écoute pour avoir une bonne maniabilité sans perdre son sens de l’initiative. Le tout sera facilité par un bon dressage derrière une bonne éducation.

Mais elle va aussi leur inculquer le respect de la proie déjà en prise en gueule par un congénère, car dans tous jeux, il y a des règles à respecter. De génération en génération, les femelles devenues elles-mêmes parent reproduiront cette éducation avec leur progéniture. Différents types de gibiers lui seront présentés pour que plus tard, il n’ait aucune excitation ni stress qui pourrait le conduire à les abîmer en ayant la dent dure.

En quoi un labrador est-il différent des autres races ?

Personnellement, je pense que le Labrador de bonne lignée est le plus maniable des retrievers. Les anciens éleveurs-dresseurs disaient de lui que c’était un petit soldat. Et c’est vrai s’il a reçu l’éducation adéquate.

Conseils à donner a un chasseur qui voudrait acquérir un labrador

Il faut choisir le chiot dans une bonne lignée dont les géniteurs sont reconnus pour leurs qualités suivantes : marking, bonnes maniabilités et dressabilité, bon nez, faisant preuve d’initiative, capable de rapporter par tous les temps en eau profonde ayant donc un bon sous-poil. Le chiot devrait avoir alors un minimum de contact et d’attention, de bons rapports humains, être curieux, attiré par des objets à rapporter et ne pas être effrayé par le moindre bruit.

L’éleveur qui aura trouvé le bon mariage devra donc aussi se préoccuper de la période de 0 à 8 semaines déjà très importante pour votre futur compagnon en lui apportant le maximum de possibilités de se développer et s’ouvrir au monde extérieur pour vivre sa future vie dans des conditions optimales.

Une bonne journée de chasse n’est pas forcément une journée avec un grand tableau. L’essentiel pour moi est que mes chiens aient pu s’exprimer, et moi de les avoir appréciés à leur juste valeur.

Vous aimerez aussi